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Nouveau préfet en Isère: "Sarkozy en profite pour placer ses hommes"
icone des tags Nicolas Sarkozy, politique sécuritaire, La Courneuve, Grenoble, isère, Politique
Par Cécile Bouanchaud de La rédaction du Post
le 31/07/2010 à 19:03, vu 9649 fois, 28 nombre de réactions
Info publiée par la rédaction du Post
Sur Le Post, Laurent Mucchielli, spécialiste en questions de sécurité, revient sur la nomination d'un ancien policier à la tête de la préfecture de l'Isère.
"Je ne laisserai strictement aucun champ aux délinquants et aux voyous", a déclaré Eric Le Douaron, le nouveau préfet de l'Isère.
Le ton est donné. Cet ex-haut gradé de la police et nouveau préfet de l'Isère ne rigole pas avec les problèmes de délinquance. Il a été installé vendredi à Grenoble par Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait évincé Albert Dupuy du corps des préfets suite aux émeutes de la Villeneuve à Grenoble.Soucieux de montrer que la sécurité est sa valeur refuge, le président n'a pas perdu de temps pour répondre avec fermeté aux incidents qui ont embrasé Grenoble. Et ce n'est pas une première. En 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, nomme Ange Mancini, le premier patron du Raid, préfet de la Guyane, puis... de la Martinique en 2007.
Bien que cette tendance ne soit pas nouvelle, on ne peut pas nier qu'elle s'accélère. Ainsi, en quatre mois, deux anciens policiers ont été appelés à la rescousse pour être préfet dans des départements dit agités, constate Libération.
En avril dernier, Christian Lambert, ancien patron du Raid, est donc venu remplacer Nacer Meddah à la préfecture de Seine-Saint-Denis. Et le nombre d'interpellations et de saisies de drogue ne se s'est pas fait attendre. Des résultats que ne cesse de vanter Nicolas Sarkozy qui parle d'un travail "remarquable."
Eric Le Douaron semble aller dans la même direction que son collègue du 93. Du moins dans ces propos, le préfet entend bien diriger le département avec une main de fer... L'homme a la réputation d'avoir "la peau dure" et "le verbe facile", rapporte France Soir.
Une réputation qu'il confirme dans une interview accordée à France 3 Alpes.
"Ce qui s'est passé ici à Grenoble est absolument inadmissible et intolérable. Et de ce point de vue, je puis vous dire que je ne laisserai strictement aucun champ aux délinquants et aux voyous", a-t-il déclaré.Pourquoi vouloir placer des anciens policiers à la tête des préfectures? Était ce vraiment nécessaire de remplacer l'ancien préfet de l'Isère? Quel message Nicolas Sarkozy veut-il donner en plaçant des anciens policiers à la tête des préfectures?
Sur Le Post, Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS spécialisé sur les questions de sécurité et de justice nous répond.
Comment analyser le fait que Nicolas Sarkozy place des anciens policiers à la tête des préfectures?
"C'est toute la question du traitement des symptômes par la force. C'est une stratégie parmi d'autres pour traiter les problèmes de délinquance. Cela consiste à mettre la pression sur les policiers pour qu'ils aillent de plus en plus vite et qu'ils fassent de plus en plus de chiffres, donc d'interpellations. On retrouve cette même logique répressive et sécuritaire avec les mesures prises contre les Roms et dans le cas des expulsions à la frontière. On met l'accent et la pression sur les services répressifs pour rendre les problèmes moins visibles."
Que pensez-vous de la destitution de l'ancien préfet de l'Isère?
"C'est ridicule et injuste mais il y a un enjeu derrière, celui de la proximité avec la pouvoir. Il est peu probable que si l'ancien préfet était un proche de Nicolas Sarkozy il ait été viré. Les problèmes de délinquance à Grenoble ne sont pas nouveaux. Sarkozy en profite juste pour placer ses hommes. Les événements de Grenoble constituent un prétexte. c'est une illusion, un mensonge de faire croire à la population que l'on règle les problèmes de violence. Sarkozy place d'ancien policiers à la tête des préfectures dans une optique de contrôle policier."Quelle est la stratégie de Nicolas Sarkozy?
"Cette nomination du nouveau préfet a pour but de placer Nicolas Sarkozy dans l'action une façon de montrer qu'il prend les choses en main. C'est symboliquement fort de placer des anciens patrons du Raid à la tête des préfectures. Placer des anciens policiers à la tête de postes clés comme les préfectures permet de donner plus d'importances de moyens aux forces de l'ordre. Ainsi, en cas de contestation sociale, la parole est muselée. C'est une stratégie pour faire taire les mouvements de contestations. C'est purement stratégique car ce contrôle se fait dans le respect du code pénal que ce soit dans des affaires d'expulsions ou de manifestations. L'idée sécuritaire est une façon de vérouiller la négociation, sous menace de contrainte policière."
Que pensez-vous du fait de répondre aux problèmes de violence et de délinquance en renforçant les politiques sécuritaires?
"Cela résulte d'une absence de vision et d'analyse. C'est une mauvaise nouvelle pour la société. Résoudre les problèmes à travers le prisme policier est une façon très particulière de regarder la société. C'est assez gênant qu'un préfet arrive avec ces oeillères là... Être préfet ce n'est pas seulement le traitement des désordres. S'attaquer aux problèmes par le prisme de la sécurité c'est se focaliser que sur les problèmes visibles. Ce processus sécuritaire est donc sans fin. Mais, cela ne résout rien. On donne seulement une illusion de sécurité. Mais dans le fond il n'y a pas de stratégie, pas même de solution concrète apportée aux problèmes."
L'ancien patron du Raid, Christian Lambert a été nommé préfet de Seine-Saint-Denis, quels sont les premiers bilans de sa politique sécuritaire?
"L'expulsion à La Courneuve en est le triste exemple. Chritian Lambert manifeste une volonté de répondre aux problèmes de manière répressive et surtout avec précipitation. On constate une volonté d'efficacité et d'opérationnalité qui n'est valable qu'à court terme, mais cela n'est absolument pas efficace dans la durée."
(Que pensez-vous du fait de répondre aux problèmes de violence et de délinquance en renforçant les politiques sécuritaires?
"Cela résulte d'une absence de vision et d'analyse. C'est une mauvaise nouvelle pour la société. Résoudre les problèmes à travers le prisme policier est une façon très particulière de regarder la société. C'est assez gênant qu'un préfet arrive avec ces oeillères là... Être préfet ce n'est pas seulement le traitement des désordres. S'attaquer aux problèmes par le prisme de la sécurité c'est se focaliser que sur les problèmes visibles. Ce processus sécuritaire est donc sans fin. Mais, cela ne résout rien. On donne seulement une illusion de sécurité. Mais dans le fond il n'y a pas de stratégie, pas même de solution concrète apportée aux problèmes."
L'ancien patron du Raid, Christian Lambert a été nommé préfet de Seine-Saint-Denis, quels sont les premiers bilans de sa politique sécuritaire?
"L'expulsion à La Courneuve en est le triste exemple. Chritian Lambert manifeste une volonté de répondre aux problèmes de manière répressive et surtout avec précipitation. On constate une volonté d'efficacité et d'opérationnalité qui n'est valable qu'à court terme, mais cela n'est absolument pas efficace dans la durée."
(Que pensez-vous du fait de répondre aux problèmes de violence et de délinquance en renforçant les politiques sécuritaires?
"Cela résulte d'une absence de vision et d'analyse. C'est une mauvaise nouvelle pour la société. Résoudre les problèmes à travers le prisme policier est une façon très particulière de regarder la société. C'est assez gênant qu'un préfet arrive avec ces oeillères là... Être préfet ce n'est pas seulement le traitement des désordres. S'attaquer aux problèmes par le prisme de la sécurité c'est se focaliser que sur les problèmes visibles. Ce processus sécuritaire est donc sans fin. Mais, cela ne résout rien. On donne seulement une illusion de sécurité. Mais dans le fond il n'y a pas de stratégie, pas même de solution concrète apportée aux problèmes."
L'ancien patron du Raid, Christian Lambert a été nommé préfet de Seine-Saint-Denis, quels sont les premiers bilans de sa politique sécuritaire?
"L'expulsion à La Courneuve en est le triste exemple. Chritian Lambert manifeste une volonté de répondre aux problèmes de manière répressive et surtout avec précipitation. On constate une volonté d'efficacité et d'opérationnalité qui n'est valable qu'à court terme, mais cela n'est absolument pas efficace dans la durée."
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