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23‏/03‏/2011

Radioactivité



Avant l'arrivée prévue de particules radioactives sur la France venant du Japon, Nicolas Foray, chercheur à l’INSERM, radiobiologiste, spécialisé dans les questions sur les fortes et faibles doses de radiation, explique que "la sensibilité à la radioactivité dépend de facteurs génétiques"
L’IRSN et la CRIIRAD estiment pour le moment que le panache radioactif résultant des rejets des réacteurs de Fukushima qui pourrait atteindre la France mercredi ou jeudi prochain ne présente aucun risque, partagez-vous leur avis ?
- Oui, totalement. Il faut savoir que les particules qui peuvent arriver sont de l’ordre de 10 à 1 millions de fois moins radioactives que nous même. En effet, nous émettons naturellement de la radioactivité. On estime qu’un homme de 80 kilos émet 8.000 particules radioactives par seconde, soit 8.000 bécquerels (bq), alors que les particules qui pourraient arriver sont de 1/1000 bq.
Le risque est donc de zéro ?
- Le risque n’est jamais de zéro. A partir du moment où les particules sont présentes, elles peuvent toujours nous atteindre. Le risque de ces particules, c'est qu'elles peuvent casser l’ADN ou les cellules et dériver en cancer. Mais ce risque est très relatif, ce qui le rend minimal. Par comparaison, un individu a plus de chance d’avoir un cancer en prenant le métro, et en étant au contact de personnes qui émettent de la radioactivité, qu’avec l'arrivée de ces particules. Il faut aussi ne pas oublier que les rejets radioactifs de Fukushima sont 1.000 fois moins radioactifs que ceux de Tchernobyl.
Les scientifiques estiment qu’il y a une dose minimale en dessous de laquelle il n’y aurait pas de risque. Est-on sûr de la fiabilité de cette mesure ?
- Effectivement, cette valeur est discutable. Il faudrait alors déterminer la nature et la proportion de ces risques. Cette question est un vrai débat, car plus la dose est faible, plus les effets sont difficiles à analyser.
Le problème de la dose minimale, c’est qu’elle n’a pu être établie qu’à partir d’événements comme Hiroshima et d’expériences sur les animaux. Mais Hiroshima ne permet pas de faire une généralisation et on sait que les conclusions faites sur les animaux ne sont pas forcément applicables aux humains.
Ce qu’on sait, c’est que la radioactivité naturelle d'un Français est d’environ 2,4 mSv/an en France alors qu’elle est de 20 mSv/an en Iran ou au Brésil. Les Iraniens et les Brésiliens n’ont pas plus de cancer que les Français, cela montre qu’entre 0 et 20mSv/an, il n’y a pas de risque.

L’accident de Fukushima pose vraiment la question de ce seuil et va apporter de nouvelles données sur la radioactivité. Les Japonais que se trouvent à proximité de la centrale sont exposé à des doses "non négligeables", qui vont permettre à l'avenir de mieux déterminer la dose minimale. Mais les français sont eux exposé à une dose négligeable.
Sommes nous tous égaux face aux émissions radioactives ?

- En radiothérapie, nous avons pu observer que certaines personnes sont plus "susceptibles" à la radioactivité que d’autres. La sensibilité à la radioactivité dépend de facteurs génétiques. La grande question est : comment détecter les personnes qui sont très susceptibles ? Et peut-on se permettre d’établir des discriminations entre les personnes selon leur susceptibilité ? Ces questions entraînent de vrais débats éthiques et pratiques, dont les philosophes et les pouvoir publics devraient s’emparer. En tout cas, ce constat ne doit pas alarmer.
Sources:
Interview de Nicolas Foray par Héloïse Leussier

(le mardi 22 mars 2011)

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